Nietzsche-  » la généalogie de la morale »

Cet ouvrage important de Nietzsche a d’abord pour but de montrer à travers une évolution historique que la morale est une invention humaine. L’importance même de ce sujet se retrouve jusque dans le style de cette œuvre. En effet, la généalogie de la morale et l’étude sur la naissance de la tragédie sont ses seules œuvres construites sur le mode dissertatif contrairement à son style bien connu d’aphorismes, de citations et autres textes courts. Il réduit la morale à un fait historique qu’il faut interpréter, elle n’est plus absolue ou universellement présente en chaque homme de façon innée, mais la morale devient individuelle, évolutive et soumise aux caprices de l’histoire. Ce livre (la généalogie de la morale) qui comporte trois dissertations entend d’abord dépasser les criticismes de Kant qui n’a pas osé critiquer la religion, et aussi pour répondre à Schopenhauer, le philosophe pessimiste qui avait trouvé dans le vouloir vivre de Nietzsche une absurdité face à la réalité pessimiste de la vie. Dans l’introduction, il cherche à déterminer qui a inventé la morale, « qui a inventé les jugements de valeurs bon et méchant ». Il est clair pour l’auteur que la morale c’est le produit d’un petit nombre. Il va essayer de voir comment ses valeurs morales se développent-elles en occident et montrer la nécessité d’une nouvelle exigence celle d’une critique de ses valeurs morales.

Dans la première dissertation intitulée « Bon et méchant »  « Bon et mauvais », l’enquête historique et philologique de Nietzsche lui permet de déterminer deux sortes de morales : celle des aristocrates (créateurs, maîtres) et celle des esclaves (faibles, impuissants). Il revient sur l’origine du Bon et du mauvais en prenant pour point de départ la révolte des esclaves dans la morale. Pour lui, « le soulèvement des esclaves dans la morale commence lorsque le ressentiment devient lui-même créateur et engendre des valeurs » La généalogie de la morale page 35 -10. Lorsque l’esclave réussit à imposer un acte intellectuel par lequel il tient le maître responsable de sa condition, les mauvaises valeurs comme la pitié, triomphent en ce moment des valeurs aristocratiques issues de l’affirmation de soi. Montrer du doigt le maître en tant que méchant permet à l’esclave de se poser en bon, du coup le gueux devient le bon et l’aristocrate, le méchant. Cette situation a été illustrée à la page 31-7, en remontant dans l’histoire, l’exemple des juifs israéliens esclaves des Égyptiens. « Ce sont les juifs qui, avec une effrayante logique osèrent retourner l’équation des valeurs aristocratiques (bon = noble = beau = heureux = aimé des dieux) et qui ont maintenu ce retournement avec la ténacité d’une haine sans fond (la haine de l’impuissance).

    La deuxième dissertation se propose de montrer l’origine de la mauvaise conscience, de la naissance de la faute. Il voit dans le prolongement d’un ressentiment et de son retour contre soi l’essence de la mauvaise conscience. Comme il le dirait c’est l’aigle qui, qualifié de rapace et de méchant coupable par l’agneau, l’accepte et se culpabilise à son tour. La mauvaise conscience est donc un retournement de la force contre elle-même, une douleur intérieure qui s’intériorise et qui pour se libérer a besoin d’un mea culpa, d’un châtiment, elle est contraire à la morale. En clair, l’esclave qui a réussi déjà à montrer que son maître était responsable de sa situation se pose en bon ce qui fait de son maître le mauvais; un mauvais qui non seulement voit en son esclave le bon, mais aussi le responsable de son état. Cette responsabilité fautive du maître entraîne une culpabilité qui a besoin de repentance. Après avoir pensé l’origine de la morale, puis des valeurs, Nietzsche donne du sens aux idéaux ascétiques. Cet idéal pour lui referme toutes les fictions que la morale et la connaissance ont pu produire jusqu’à présent. Par lui l’homme trouve des réponses qui ont pour lui du sens, des questions qui l’ont toujours hanté. Mais il ajoutera que: jusqu’à présent l’idéal ascétique a été a tous égards le « faute de mieux » par excellence. (La généalogie de la morale page 198-28).  Finalement, l’idéal ascétique, ce n’est pas la souffrance, c’est le non-sens de la souffrance puisque le sens que l’homme cherchait a sa souffrance, il le trouve cet idéal. Voila l’origine de toute la morale!

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